Nta ntama zikura mu bwone
June 24, 2016Evangélisation à la paroisse KIBIRIZI
September 24, 2016Nta ntama zikura mu bwone
June 24, 2016Evangélisation à la paroisse KIBIRIZI
September 24, 2016Information sur la Pastorale de pardon et réconciliation dans la Paroisse MUSHAKA
Je suis l’Abbé Ubald RUGIRANGOGA, j’en suis à ma 29 année d’ordination sacerdotale. L’idée d’être prêtre m’est venue quand j’étais réfugie au Burundi. C’était en 1976, 2 ans avant que je ne termine les études secondaires au séminaire moyen de Burasira au Burundi. A un certain moment, j’ai fait une conversion et je me suis rendu compte que Jésus était vivant dans ma vie et qu’il m’avait fait des merveilles. Je voulais lui être reconnaissant et n’ai trouvé aucune autre chose à lui faire qu’être prêtre, lui donner tout ce que je suis, toute ma vie, le servir. Je me suis demandé si je devais le servir comme prêtre au Burundi, puisque j’y étais réfugié et après avoir prié, une prière sincère d’un converti, j’ai réalisé que si j’étais au Burundi, c’était parce que les rwandais ne s’aiment ; en effet en 1973, alors que je faisais mes études au petit séminaire St Pie X dans le Diocèse de Nyundo, les séminaristes d’ethnie Hutu nous ont chassés du petit séminaire parce que nous étions d’ethnie Tutsi. Partout dans le pays c’était insécurité, les gens d’ethnie tutsi étaient menacés à mort, mon oncle paternel qui était enseignant fut injustement jeté en prison, la menace de mort était partout dans le pays pour les gens d’ethnie tutsi et j’ai été obligé de me réfugier au Burundi où j’ai continué mes études au petit séminaire d’abord de Mureke et puis au séminaire moyen de Burasira. Quand j’ai eu la vocation, c’était pour un jour prêcher l’amour au Rwanda et en 1978, je suis rentré au Rwanda pour y faire les études au Grand Séminaire de Nyakibanda.
Les études au Grand Séminaire de Nyakibanda.
De 1978 à 1984, j’ai fait mes études de philosophie puis de théologie au Grand séminaire de Nyakibanda et ai été ordonné prêtre le 22/07/1984. Je sentais en moi le désir d’être témoin d’amour du Christ dans le monde. J’ai été nommé vicaire dans la Paroisse de Nyamasheke dans le Diocèse de Cyangugu.
Témoin d’injustice sociale.
Dans la paroisse où j’étais nommé, comme partout ailleurs dans le pays les injustices étaient acceptées, il ne fallait pas en parler pour vivre. Il y avait équilibre ethniqué dans les écoles, pour écarter les enfants d’ethnie Tutsi de l’éducation ; tout comme il y avait équilibre régional pour écarter certains hutu aussi de l’éducation. Comme prêtre, je souffrais de voir les enfants intelligents exclus de l’éducation, victimes de cette politique d’équilibre. Je m’en lamentais à haute voix. Je ne suis pas de ces gens qui se taisent quand quelque chose ne va pas.
Ceci m’a valu être arrêté alors qu’innocent lors de l’invasion du FPR dans le pays lors la guerre d’octobre 1990. J’étais simplement arrêté parce que d’éthnie Tutsi. Le commandent de gendarmerie, qui était un homme réaliste m’a rendu libre, alors que j’étais à la porte presque de la prison. Rendu libre, j’ai commencé à pacifier la paroisse où beaucoup des gens d’ethnie tutsi étaient arbitrairement arrêtés et jetés en prison soi disant qu’ils collaboraient avec l’ennemi FPR.
Ce qui était faux parce que j’en étais témoin, j’avais été arrêté parce que tout simplement j’étais d’éthnie Tutsi. Les gens de ma paroisse qui m’avaient vu arrêté, ont pleuré et ont applaudi quand ils m’ont vu rentrer le soir à la paroisse, rendu libre. Ils ont alors été manipulés pour en arriver à perpétrer le génocide contre les Tutsi en 1994. En 1990, les chrétiens d’éthnie hutu étaient eux aussi scandalisés des arrestations arbitraires de leurs voisins d’éthnie Tutsi. Parce que ils ont été manipulés pour perpétrer le génocide contre les tutsi, les aider par une pastorale de pardon et réconciliation est possible.
La pastorale de pardon et réconciliation dans la Paroisse de Mushaka Le génocide perpétré contre les tutsi m’a été un coup horrible. Je me suis fait prêtre pour prêcher l’amour, je l’ai essayé et l’ai vécu et pourtant la paroisse de Nyamasheke où j’étais curé n’en a pas été épargnée, le génocide s’y est commis, on en voulait à ma tête aussi. Je n’ai pas compris, prêcher l’amour, vivre l’amour et récolter le génocide ! J’ai été guéri spirituellement à Lourdes lors du chemin de croix quand j’entendis une voix du Seigneur me dire : « Ubald accepte ta croix ».
Le génocide contre les tutsi est une croix pour un prêtre dont on se débarrasse par la pastorale de pardon et réconciliation dans sa paroisse. Je suis arrivé à Mushaka en 1998, on se préparait au jubilé de l’an 2000 par un synode sur le problème éthnique au sein du peuple chrétien.
J’étais secrétaire permanent du synode sur le problème éthnique dans le Diocèse.
J’ai aidé mes paroissiens à bien faire ce synode ; ils ont échangé ouvertement, débattu sur ce problème et en sont arriver à conclure que l’éthnie n’est pas un problème, l’idéologie éthnique a été une création politique pour manipuler la population. Il fallait alors voir comment aider les chrétiens à s’en sortir en révélant la vérité comment s’est déroulé le génocide contre les tutsi dans la paroisse.
A la veille des procès Gacaca, les détenus suspects d’avoir perpétré le génocide et avaient accepte leur péché ont été libérés en masse. Ceci a semé la panique parmi les victimes du génocide perpétré contre les tutsi. Apeurés ils se sont confiés à moi comme leur curé, ils se sentaient menacés, ils croyaient que les génocidaires libérés en masse devaient les éliminer physiquement parce qu’aucun témoin du génocide perpétré contre les tutsi ne devait survivre. Ce fut pour moi occasion d’organiser des récollection pour calmer les esprits.
Récollection pour les tutsi victimes du génocide
La 1ère récollection en vue de calmer les esprits troublés par la libération des suspects génocidaires fut celle des tutsi rescapés du génocide perpétré contre eux. La parole de Dieu qui devait les aider était celle de St Paul aux Romains ne te laisse par vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien Rm12, 21.
Après instruction, prière et carrefours, je leur ai demandé ce qu’ils voulaient qu’on fasse de leurs frères suspects génocidaires. Ils ont tous répondu qu’ils les pardonnaient que le bien doit triompher sur le mal mais qu’eux aussi doivent se convertir. Je devais annoncer cette décision et ce souhait à la fin de la messe dominicale et ainsi inviter les suspects génocidaires à leur tour à une recollection.
Récollection aux suspects génocidaires
Tout comme les victimes tutsi rescapés du génocide, on s’est servi de la même parole de Dieu de St Paul aux Romains « Ne te laisse pas vaincre par le mal sois vainqueur du mal par le bien » Rm12, 21.
Apres instruction, prière et carréfour je leur ai demandé de donner message à la communauté chrétienne. Ils souffraient tellement intérieurement du péché de génocide qu’ils ont demandé aux chrétiens d’avoir pitié pour eux, d’accepter qu’en eux, il y a encore un cœur qui aime, après le génocide qu’ils avaient pertétré contre les tutsi, qu’ils étaient converti, et regrettaient leur péché. Ce message a calmé les esprits, c’était le début de la confiance mutuelle. Une recollection pour eux tous ensemble pouvait être envisagée.
Récollection pour Tutsi rescapés du génocide, pour Hutus qui ont sauvé les Tutsi et pour les hutus suspects génocidaires
Pensant à organiser une récollection pour Tutsi rescapés du génocide ensemble avec les hutus suspects génocidaires l’idée m’est venue d’inviter dans cette récollection, les hutus qui ont sauvé les tutsi pendant le génocide. Cette récollection fut un grand succès, les hutus qui ont sauvé les tutsi étaient symbole du bien, modérateurs du conflit éventuel dans les cœurs. La décision qu’ils ont prise après carréfours de revivre pacifiquement ensemble a jeté un nouveau souffle dans la société. De loin, je voyais que les procès gacaca devaient réussir dans la paroisse.
Les procès Gacaca dans la Paroisse Mushaka
Les procès se sont bien déroulés. Par différentes récollections, les chrétiens avaient été préparés à ne dire que la vérité dont ils avaient été témoins pendant le génocide. Les génocidaires demandaient sincèrement pardon et tout s’est bien passé.
Il ne restait que la guérison de blessures intérieures par la pastorale de pardon et réconciliation.
La pastorale de pardon et réconciliation
Apres les procès gacaca, les chrétiens qui avaient révèle personnellement avoir tué les tutsi pendant le génocide, scandalisaient ceux qui les voyaient se présenter à la Sainte Communion. La réunion des responsables des communautés de base a décidé que ceux qui ont perpétré le génocide des tutsi doivent être écartés de la Sainte Communion et suivre une catéchèse de 6mois où ils reçoivent les instructions leur rappelant les sacrements qu’ils ont reçus, le droit de l’homme, la non-violence, les blessures intérieures, comment être guidé par l’Esprit, le pardon et réconciliation.
La fête de réconciliation
Cette fête n’est pas seulement pour ceux qui ont fait le génocide et les victimes du génocide, elle est occasion pour toute la paroisse de prier pour le pardon et réconciliation. La victime prie personnellement pour l’assassin de son père, de sa maman, de ses membres de famille et tout se termine par une embrassade de réconciliation. La nouvelle vie commence. Ils s’engagent à pardonner toute leur vie et à demander pardon aussi toute leur vie. C’est ainsi que dans la paroisse de Mushaka victimes et bourreaux ont mis la parole de Dieu de St Paul au Romain en pratique « Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien » Rm12, 21.
Les témoignages de cette nouvelle vie sont nombreux à Mushaka. Moi-même j’en suis témoin, je me sens heureux d’avoir aidé les gens à se réconcilier avec Dieu, avec leur conscience, avec leurs frères et sœurs.
Après échec du génocide contre les tutsi, j’ai été consolé par la pastorale de pardon et réconciliation dans la Paroisse de Mushaka. L’homme est bon, il est créé à l’image de Dieu, même s’il fait mal si on l’aide, il est toujours bon, prêt à se convertir.
Abbé Ubald RUGIRANGOGA
Centre Secret de la Paix